Bande-son du jardin de Rubens

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Quand le Rubenshuis a lancé un appel de dossiers pour trouver qui, en collaboration avec le compositeur anversois Hantrax, réinventerait la musique des XVIe et XVIIe siècles, le choix s’est porté sur le Louvaniste Theo Carpentier. Un jeune violoniste de formation classique et un performeur électro : le couple idéal pour sous-titrer musicalement ce lieu magique qu’est le jardin de Rubens. Pour capter l’atmosphère avant de la coucher sur papier à musique, les deux musiciens ont fait une retraite d’une semaine au Rubenshuis. Le résultat intègre diverses couches historiques, dont des fragments du Dorothealied, un chant dédié à sainte Dorothée.  

Cet épisode de l’époque de Rubens n’est pas la seule référence au passé que contient la bande sonore. Pendant leur résidence, Hantrax et Theo Carpentier ont élaboré une partition basée sur le style de la pavane, une danse qui servait traditionnellement d’ouverture dans les grandes occasions à la Renaissance. Elle était souvent suivie d’une gaillarde plus dynamique, qui donnait un tour plus enjoué à la cérémonie. Pouvait-on rêver meilleure BO pour le jardin de Rubens ?  

Il est intéressant de noter que le morceau est construit sur la forme sonate, une structure musicale nettement plus récente que Rubens. Ce choix reflète l’approche innovante des deux artistes, mais établit aussi un lien symbolique à la fois avec l’esprit révolutionnaire de la Renaissance et notre époque de transformations. La composition rend en outre hommage à la famille anversoise des Ruckers, qui a inventé le clavecin à double clavier, et à John Bull, virginaliste anglais qui fut actif à la cathédrale d’Anvers. 

Cette pièce pour piano, violon, pipeau, clavecin et électronique mélange sonorités historiques et textures contemporaines. L’instrumentation reflète la richesse musicale de la Renaissance en même temps que la pensée novatrice des créateurs. Laissant les mélodies se déployer indépendamment les unes des autres, Hantrax et Theo Carpentier inventent des sonorités qui évoquent à la fois le passé, la musique de danse et les arts sonores. 

Le thème du jardin revient régulièrement dans la composition, avec des allusions aux fleurs, au jardin et au printemps. Autant de sujets qu’on rencontrait fréquemment dans la musique des XVIe et XVIIe siècles. Ce langage imagé évoquant la nature détermine l’ambiance de l’œuvre, empreinte de légèreté, de fluidité et d’espoir.  

Tout comme Rubens en son temps, le compositeur et pianiste Hantrax travaille aujourd’hui à l’intersection de plusieurs disciplines artistiques. Le mélange des genres, le caractère audacieux, la rupture avec les traditions et le cadre exceptionnel sont la garantie d’une expérience rubénienne unique. Gageons que votre esprit s’évadera durant l’écoute !