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La Maison Rubens accueille l’autoportrait restauré

L’autoportrait de Rubens est restauré et rentre à la maison. Rubens mis à neuf nous contemple. Des détails comme ses joues roses et ses lèvres rouges réapparaissent dans toute leur fraîcheur après avoir été cachés des années sous des couches de peinture. Et Rubens a l’air particulièrement pimpant. La couche d’origine a été mise à nue et le panneau livre toutes sortes de précieux détails. Anvers est maintenant fin prête pour le festival culturel ‘Antwerp Baroque 2018. Rubens inspires’, dont Rubens est l’hôte de marque.

L’autoportrait de Rubens avait été confié en janvier 2017 à l’Institut Royal du Patrimoine artistique (IRPA) à Bruxelles pour des travaux de recherche et de restauration. Les spécialistes du IRPA ont utilisé du matériel de haute technologie pour mettre au jour un historique des matériaux de peinture particulièrement complexe : modifications de format, couches de peinture superposées et couches de vernis. L’œuvre d’art a été soumise à une étude pluridisciplinaire qui a révélé les nombreuses modifications liées aux changements de propriétaire du tableau. Certains d’entre eux ont sans doute fait restaurer l’autoportrait avant ou après son achat, ou l’ont même fait découper. Le tableau était en effet composé à l’origine de deux panneaux verticaux. Son format a été modifié à plusieurs reprises au fil du temps. Avant 1956, la composition a été agrandie de quatre lattes et le portrait a même un temps eu une forme ovale. Quatre coins ont alors été ajoutés pour redonner au tableau une forme rectangulaire. Le support d’origine n’a pas été conservé. Les couches de peinture ont été transférées sur un support en matériaux composites dissimulés sous un placage en chêne. En raison de tous ces changements de format, la position du modèle est différente que ce qu’avait prévu Rubens.

 

Les travaux de restauration ont révélé plusieurs couches de vernis sur la couche de peinture originale, qui ont disparu en même temps sous les couches de peinture successives. Le tableau était couvert à certains endroits de pas moins de onze couches de peinture. L’accumulation des interventions apportées au cours des décennies était notable par-dessus la peinture initiale et gâchait la perception de l’autoportrait. La technique picturale de Rubens était devenue à peine perceptible à l’œil nu. Les récents travaux de restauration ont donc mis à nu la peinture initiale dans son intégralité. Les dommages anciens et l’usure ont été préservés et mis en valeur à l’aide de touches légères et réversibles créant l’illusion. Les éléments ajoutés au tableau au fil du temps ont ainsi été conservés et retouchés. Les nuances de couleur et des détails subtils permettent de dénoter les ajouts sans qu’ils soient gênants à la vue. Le tableau a enfin été enduit d’une couche de vernis et la parqueterie a été adaptée.

 

L’autoportrait a nettement gagné en fraîcheur grâce à la restauration, et il livre à nouveau tous les détails invisibles pendant des siècles, comme les lèvres rouges et les joues roses de Rubens, les touches blanches de sa chemise, la variété de couleurs et le soin apporté à sa tenue vestimentaire. On notera en particulier les larges traits de pinceau sur les vêtements et à l’arrière-plan. Le portrait a à certains endroits un aspect fortement schématique qui trahit la main du maître : ses traits de pinceau sont à nouveau visibles et l’autoportrait devient un ‘nouveau’ chef d’œuvre. Grâce à la restauration, Rubens a belle allure pour accueillir comme il se doit le festival culturel ‘Antwerp Baroque 2018. Rubens inspires’. Avec le retour de Rubens, la ville d’Anvers est fin prête pour le festival culturel de 2018.

Photo: Sigrid Spinnox.